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Avec Bobo, Marius et Imre à la boxe chinoise


SEINE-SAINT-DENIS

COURNEUVE - SAINT-DENIS

Avec Bobo, Marius et Imre à la boxe chinoise

Saint-Denis, le 8 février. Tous les dimanches, des enfants roms de La Courneuve et de Saint-Denis suivent des cours de sport dans ce gymnase. (IPÆS)

L’HEURE TOURNE et les retardataires se font attendre dans un froid glacial. « Où est Bobo ? On attend : encore cinq minutes après on y va ». prévient Clélia, entourée de Danut, Rosalinda, Imre, Alex, Da­vid, Gabriel et Beniamin, des enfants qui ont entre 8 et 13 ans. Autour d’eux, des parents s’affairent, une mère de famille sort de sa cabane pour saluer, un bébé déambule dans l’allée recouverte d’un large tapis qui protège de la boue. C'est le terrain Pascal, du nom de la rue qui dessert ce bidonville installé depuis cinq ans au fin fond d’une zone industrielle de La Courneuve.

Bobo, 13 ans, pointe enfin le bout de son nez. avec un large sourire et des baskets un peu grandes. Il rattrape le groupe au pas de course jusqu’au tramway, pour rejoindre le gymnase du Franc-Moisin à Saint-Denis. La semaine, Clélia est institutrice dans le camion école qui fait la classe aux enfants du bidonville pas encore scolarisés. Le dimanche, depuis un an et demi, elle est bénévole pour encadrer l’école de boxe chinoise, avec des militants de la Voix des Roms, comme Pierre, Saimir, Jonathan et Ludovic, éducateur sportif.

« J’aime bien venir ici, je progresse, j’arrive à me relever sur un pied sans m’aider des mains». Marius, 11 ans, qui vit dans un village d'insertion.

« On cherchait une activité à proposer sur la durée ». explique Sai­mir Mile, de La Voix des Roms. Finalement, trouver un créneau dans un gymnase a été facile. Au 6B d’abord, puis dans une salle plus adaptée. « Le sport pour tous fait partie de nos idées ». explique Bally Bagayoko. adjoint (FG) au maire en charge de l’insertion et conseiller général. « Or l’État et l’Union européenne sont en panne de solutions pour l’intégration des roms. Cette initiative est un pari humble, mais qui fait appel à l’intelligence collec­tive. Ça ne règle pas tout mais si les enfants rentrent dans des dispositifs de droit commun, ils auront la possibilité plus tard, de s’y inscrire encore.» Autre argument : la boxe chinoise, ou « sanda». dérivé du kung-fu qui marie la boxe « pieds- poings » et la lutte n’était pas enco­re pratiquée à Saint-Denis. « D’abord on stabilise l’activité, ensuite on ouvre à d’autres participants ». projette Saimir Mile. Le projet a aussi attiré d’autres volontaires, comme la championne de haut niveau Ingrid Graziani, championne de boxe française, également comédienne. Quand elle n’est pas en tournage le dimanche, elle est au gymnase du Franc-Moisin pour encadrer les cours, enfants le matin, adultes l’après-midi.

Sur les tatamis, on rappelle les règles et on ne manque jamais l'occasion d’apprendre des mots de français. Le reste se décline en ateliers d’agilité et de rapidité. Tu as oublié de saluer », rappelle Jona­than à un petit. Le nombre de participants varie d’une séance à l’autre, mais l’habitude s'installe. Marius 11 ans, venu de Saint-Denis, est des plus assidus. Il refuse d'abord de discuter. « Les journalistes disent que les gitans sont des voleurs », accuse-t-il dans un français impeccable. Après une heure et demie d’entraînement, il accepte le dialogue. « J'aime bien venir ici, je progresse, j'arrive à me relever sur un pied sans m’aider des mains. Je retrouve aussi mes amis. Il vit sur un terrain d'insertion à Saint-De­nis, avec trois frères et sœurs et ses parents. Son père est chauffeur de bus. Arrivé de Roumanie à l’âge de 3 ans il a fait toute sa scolarité en France et rêve d’être footballeur «pour gagner des millions comme Ronaldo et aider ma famille». Ro­salinda, elle, se voit policière. Ma­rius part rejoindre sa famille tandis que le reste du groupe file à la douche. Après une pause sandwich, l’après-midi se poursuit par une activité improvisée dans le vestiaire. Pour continuer à apprendre le Français, à travers des jeux, des mimes, une rencontre, avant de repar­tir au « platz », comme on nomme le bidonville. Cette école de boxe a pris le nom de « Yag-bari ». En Ro­mani ça veut dire « Le grand feu, explique Saimir Mile, c’est l’idée d’un soulèvement pour les droits civiques ».

CAROLE STERLÉ



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