Le "Platz des abeilles" à St-Denis
- La voix des Rroms
- 17 mars
- 3 min de lecture
Expulsées le 15 mai 2024, à la veille de la Fête de l'insurrection gitane à laquelle elles participaient, une dizaine de familles s'étaient d'abord réfugiées sur le parking du 6B, le tiers lieu où s'est installé notre association depuis 2014. Le délai que la justice leur avait accordé, et qui aurait permis aux enfants de finir leur année scolaire dans des conditions "normales", - en tout cas meilleures qu'en étant dehors, - avait été rendu inopérant par l'arrêté municipal pris au motif de l'ordre public.
Bien que le trubinal administratif de Montreuil ait suspendu l'exécution de l'arrêté par une ordonnance du 17 mai, les tranchées creusées promptement sur le terrain ont rendu impossible leur réinstallation. La justice a cependant enjoint au maire de trouver des solutions de relogement permettant notamment la poursuite de la scolarité des enfants, en lien avec le Département de la Seine-Saint-Denis, propriétaire du terrain, et ce jusqu'au 22 mai 2024 à minuit.
Le 18 mai, depuis le parvis de la Basilique où se tenait la Fête de l'insurrection gitane, aux côtés de mères de famille qui dormaient dehors depuis trois jours, nous tendions à la mairie la main de coopération pour la construction des solutions que le juge avait ordonnées au maire. Mis à part une réunion en juillet avec la promesse de reprendre le processus à la rentrée, rien n'a été proposé à ce jour.
Après des mois de survie sur le parking, et d'une cohabitation que nous, tout comme l'équipe du 6B et de nombreux résidents avons su gérer au mieux, malgré la fatigue, à la fin du mois d'octobre, le froid s'installant, les familles se sont installées sur un terrain vague le long de la rue de la Confluence, où elles habitent toujours. Nous appelons parfois ce lieu le "Platz des abeilles", en raison de quelques rûches installées de l'autre côté, sur le jardin du 6B voisin. La société Neaucité, propriétaire, a assigné les familles en justice aux fins de leur expulsion, que le tribunal a accordé mais qui ne pourra intervenir par la force qu'après le 15 juillet. Comme il y a un an, le juge civil, qui en vertu de la Constitution, est le garant des droits fondamentaux, a tenu compte encore une fois du fait que des enfants scolarisés à St-Denis vivent dans ces cabanes et qu'il serait injuste qu'ils ne puissent pas terminer leur année scolaire en raison d'une expulsion.

Evidemment, cette installation, comme toutes celles qui lui ressemblent, ne passe pas sans quelques inconvénients. Ainsi, pour se chauffer pendant l'hiver, les familles font du feu dans des poêles fabriquées par eux-mêmes, avec du bois récupéré... donc des fumées qui ne sentent pas toujours bon...
C'est pourquoi, une habitante du quartier, Mme. S., avait appelé la mairie pour se plaindre. La réponse qu'elle a eue était pour le moins étonnante: La voix des Rroms empêche la mairie d'expulser sous 48 heures, mais la mairie est bien sensible aux désagréments pour le quartier et tiendra une réunion avec les habitants cette semaine. Mme. S. appelle l'association, - probablement pour se plaindre, - et effectivement elle nous reproche de n'avoir jamais informé le quartier de cette installation. A juste titre... car même si nous ne sommes pas directement responsables, nous nous faisons un honneur non seulement de défendre les droits des Rroms, mais aussi de faciliter le dialogue entre eux et les autres habitants de la ville. Nous oeuvrons ainsi pour le vivre ensemble qui devrait être de la responsabilité de chacun et en premier lieu de nos élus! D'où cette lettre d'information que nous distribuerons dans le quartier sans plus de délai:
Aussi, nous partageons ici la décision anonymisée du 17 mai 2024 par laquelle le Tribunal administratif a enjoint au maire de St-Denis de reloger jusqu'au 22 mai 2024 les familles qu'il avait expulsées sous 48 heures.
Enfin, s'il était besoin de le rappeler, nous rappelons qu'une seconde tentative de M. le maire de procéder à une expulsion par arrêté sous 48 heures trouvera la même réponse que l'année dernière; nous continuerons à accompagner ces familles dans toutes les voies de droit. D'ailleurs, un recours en manquement a été déposé au Tribunal administratif pour l'inaction du maire à la suite de l'ordonnance du 17 mai 2024. Oui, la justice n'a pas l'air d'impressionner... mais c'est tout ce que nous avons et nous la ferons toujours prévaloir sur l'arrogance des puissants. Pour nous, l'Etat de droit est sacré!
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